Un article de TRADITION, la revue des "Anciens de EHT Liège" reprenait la chronique d'Eric Boschman dont il est fait référence dans l'article ci-dessus (le lien de cet article ne marchant pas...)
Chronique « C’est à boire » : que de l’eau, que de l’eau
Eric Boschman
Le Soir du 24 Novembre 2012
L’eau à table est en crise dans la restauration. A l’heure où certains de nos chefs étoilés se lancent dans une croisade de communication pour l’abaissement des charges salariales élevées, il est temps de mettre un peu d’eau dans notre vin.
Depuis quelque temps, on peut voir fleurir
sur nos tables de plus en plus de bouteilles d’eau à la marque des restaurants,
dites « eaux maison » et autres billevesées du même robinet. A l’exception
notable de l’un ou l’autre bienheureux possédant une source intra muros, si,
si, cela existe, entre autre la célèbre Auberge du Sabotier près de
Saint-Hubert, l’eau maison jaillit en général du circuit de distribution local.
Ces flacons, tous plus jolis les uns que les autres sont en fait remplis d’eau
du robinet « filtrée ». Et basta. Oui, mais ça fait mal à l’addition, et en
période de crise, cela sent un peu la moquerie, si j’ose m’exprimer ainsi.
Lorsqu’une bouteille d’eau de ville est facturée entre 4 et 6 euros, cela se
nomme un hold-up. Les professionnels auront beau crier que la rentabilité est
difficile à atteindre, il y a un moment où trop c’est trop.
Certes, l’eau du robinet est parfaite pour
la consommation. Il y a parfois des zones où elle est un peu plus chlorée que
dans d’autres, ou des différences de goût très nettes, mais quoi qu’il en soit,
les eaux de distribution sont de très belle qualité dans nos contrées.
D’ailleurs, avec un tel niveau de qualité, on est en droit de se demander s’il
est bien utile de les filtrer encore pour les « améliorer ».
Le discours des vendeurs de filtres est
d’ailleurs un peu ambigu à ce propos, pourquoi faut-il améliorer une eau qui
est proclamée de toutes parts comme étant « bonne » ? Oui, je sais, les
paradoxes du marketing sont parfois fort… paradoxaux.
Et puis, lorsque l’on évoque les règles
saines de la concurrence, pourquoi les restaurateurs vendeurs d’eau du robinet
mise à leur sauce, ne sont-ils pas soumis aux mêmes règles que les minéraliers
? Vous me rétorquerez que lorsque l’on voit le coût écologique du transport
des bouteilles en verre pour les eaux de source, il y a de quoi se poser des
questions. Mais il faut tout voir, lorsque l’on parle d’eau minérale ou d’eau
de source, il y a une série de règles environnementales extrêmement
contraignantes à respecter au niveau de ce même environnement, les zones de captation
sont protégées sur des surfaces importantes, les tests qualitatifs sont
hyper-rigoureux et je ne parle même pas des installations de mise en bouteille
stériles, etc. etc. Bien sûr, dans le prix d’une bouteille d’eau, il y a aussi
le prix du marketing, le coût des matières, tout un tas de taxes, y compris des
accises, puisque dans notre joli royaume on paie cette taxe particulière sur
les boissons, y compris sur l’eau, et que l’on ajoute une TVA sur cette taxe,
mais cela fait tourner quelques entreprises aussi au passage, l’air de rien. Ne
riez pas, charmante Elvire, j’ai les lèvres gercées. Bref, pour faire simple,
tant qu’à se plaindre des difficultés économiques de la restauration, si l’on
commençait par respecter les clients ? L’eau du robinet à table pour un euro
symbolique, pourquoi pas ? Et le choix pour les clients de consommer cette eau
ou une eau minérale, oui, mais par contre, pas l’arnaque à l’eau, c’est idiot,
contre-productif, et, en fait, gagne-petit.
Moi je dis que dans le fond, le vin c’est
pas plus mal, il y a au moins 95 % d’eau dans une bouteille de vin, quand
on y pense, hein, c’est peut-être une solution.
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